GRANDE LETTRE A MA FILLE CAROLINE

J’ai décidé de commencer la grande lettre que je souhaite écrire à ma fille depuis si longtemps. Je suis certaine que Maguy serait d'accord pour me prêter son Blog !Cette grande lettre est une façon, pour moi, d’exprimer les sentiments que je ressens à propos de tout et de rien, de la société, de nous, du temps qui passe, des actualités… Bref, de tout ce qui nous interpelle à un moment donné de notre existence.

Tu as onze ans Caroline ! Que le temps passe vite ! Le bout de chou que j’ai adopté a grandi doucement. Je suis heureuse que Maguy t’ait connue, qu’elle ait pu parfois te consoler lorsque tu avais de la peine ou lorsque tu avais peur des orages, qu’elle t’ait gâtée aussi - parfois un peu trop ! – et qu’elle t’ait tenu la main pendant un trop court chemin. Elle t’a aimée dès qu’elle t’a vue. Le coup de cœur en quelque sorte ! Je suis heureuse que tu me parles parfois de Maguy, que tu te souviennes d’elle et des moments que vous avez passés ensemble.

Tu le sais - ou en tout cas, tu le ressens peut-être inconsciemment – son absence est difficile à admettre pour moi. Plus de trois ans qu’elle n’est plus là… Maguy me manque profondément, c’est un fait. Nous étions si proches. Je voudrais qu’elle me conseille, me rassure parfois. J’aimerais que nous parlions des événements politiques, des évolutions de la société comme avant, en buvant des cafés, en levant une coupe de champagne ou en mangeant une bonne soupe maison.

Nous ne savons rien de la mort comme nous ne savons que peu de chose sur les origines de la vie. Les Dieux que l’Homme invente sont là pour rassurer ceux qui y croient. Je ne suis pas croyante, je te l’ai dit. Je suis pragmatique et ce qui ne s’explique pas de façon rationnelle, scientifique me laisse perplexe. Tout, à mon sens, à une explication logique. Mais nous n’en sommes qu’à l’âge de pierre dans ce domaine de connaissance. L’Homme ne sait encore rien, ni sur son devenir, ni sur son apparition sur Terre. Maguy était comme moi. Elle ne croyait pas en Dieu. Elle a vu son grand chien, un beau berger Allemand, Sultan, mourir lorsqu’elle avait quatre ans ; elle a vu sa maman, son papa et son grand frère Jean mourir alors qu’ils étaient encore jeunes. Pour elle, il ne pouvait y avoir de Dieu bon, juste dans ces conditions ! Toute jeune, elle a pourtant appris le catéchisme (elle était première !), elle a fait sa communion solennelle parce qu’elle croyait justement à l’existence d’un Dieu bon et juste. Le temps se charge, hélas, d’effacer beaucoup de croyances, d’illusions et parfois d’espoir.

Lorsque ceux que l’on a aimés disparaissent, il y a des questions que l’on se pose normalement tout le reste de son existence : a-t-on fait ce qu’il fallait ? A-t-on été assez présent ? N’a-t-on pas été trop égoïste parfois ? Lorsque l’on vieillit, le regard que l’on a sur la vie – mais ce n’est pas vrai pour tout le monde – est plus réaliste.  C’est-à-dire que l’on accorde aux êtres et aux choses plus d’attention car on sait à quel point ils sont fragiles. La jeunesse détient ce pouvoir magique de croire que tout est possible, que la vie n’a pas de fin et que le temps, dans le fond, est notre allié.

Même si nous vivons longtemps maintenant, et j’espère pouvoir t’accompagner jusqu’à un âge avancé, ces années ne sont rien par rapport aux lois de l’Univers. Notre Terre est jeune et elle a pourtant plus de 5 milliards d’existence ! Ce qui montre bien que nous n’avons pas les mêmes échelles de valeur. Pour nous, un siècle représente quelque chose alors qu’au sein des galaxies, ce n’est en fait qu’une seconde... Tout est relatif !

Je continuerai ma grande lettre la prochaine fois car il est tard !

Bonne nuit à tous...

La nature est si belle !